Il y a peu était publié un billet sur les outils informatiques utiles dans le cadre d’une thèse. La liste fournie était intéressante mais les outils utilisés n’étaient pas tous libres, ce qui peut en gêner certains, dont je suis (une multitude de sites traitent des logiciels libres : Framasoft est l’un des plus didactiques). Sur le plan juridique, les logiciels libres soulèvent certes plusieurs interrogations, qu’ils soient relatifs à validité de la licence ou à la vente liée, par exemple.
Qu’il soit donc permis d’en lister quelques-uns, utiles au chercheur, en les accompagnant d’explications sur la pertinence de leur utilisation dans le domaine juridique:
le système d’exploitation! S’il ne s’agit pas d’un logiciel à proprement parler, c’est évidemment l’outil élémentaire. Et puisqu’il sera question de logiciels libres, c’est évidemment principalement d’une distribution linux dont il s’agira. Debian, Ubuntu, Mandriva, etc : elles ne manquent pas. À chacun la sienne. Et non, Linux n’est pas plus compliqué que MacOS ou Windows. J’utilise pour le moment Ubuntu, après avoir fait mes premiers pas sous Mandriva, puis Debian. Les logiciels qui suivent fonctionnent parfaitement sous MacOS ou Windows.
Le traitement de texte ensuite. L’excellent Openoffice est évidemment incontournable. Il s’agit d’une suite logicielle, intégrant un traitement de texte, une base de données, un tableur et également un logiciel de diaporamas, de plus en plus prisés. L’honnêteté oblige à préciser que les éditeurs juridiques ne l’utilisent pas : dès lors, et même si Openoffice gère le format propriétaire .doc, il peut y avoir quelques surprises de mise en page. Ils ne fournissent pas davantage une feuille de style toute prête, qui faciliterait pourtant grandement le travail… LaTeX mérite également une place ici : il ne s’agit certes pas d’un traitement de texte, mais d’un outil bien plus puissant et au rendu incomparable. Il nécessite toutefois un apprentissage poussé et est largement négligé dans le domaine du droit.
Le navigateur internet : vu le nombre de ressources accessibles en ligne, il est bien évidemment incontournable. Firefox est devenu l’un des leaders et est d’une facilité d’utilisation et de configuration difficilement égalée.
Zotero : un outil bibliographique particulièrement adapté au web. Il permet de créer des bibliographies automatisées, de capturer, archiver, classer des documents de manière automatique. Malheureusement, la plupart des sites juridiques en ligne négligent cet outil et l’indexation doit alors se faire manuellement.
Cette liste n’est pas limitative. On peut envisager de nombreuses utilisations : travailler à plusieurs avec egroupware, utiliser l’ENT de son université (qui est le plus souvent basé sur un logiciel libre), etc.
D’une manière générale, on notera que l’informatique est largement sous-utilisée et mal connue dans nos universités. Tout le monde pense savoir utiliser “son” word, mais la fin de rédaction d’une thèse montre que ce n’est que trop rare. Tout le monde pense savoir utiliser “internet”, mais là encore les surprises sont nombreuses. Les logiciels libres sont également méconnus : comme ils ne sont pas pré-installés, livrés avec l’ordinateur, ils ont une mauvaise réputation imméritée. Pour aller plus loin, on peut même se demander s’il n’existe pas un paradoxe entre la démarche de l’enseignant-chercheur et la non-utilisation de ressources libres. «Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends», cette citation attribuée à Benjamin Franklin est transposable à l’informatique et à l’utilisation de ressources libres. «Tu me donnes un logiciel, je crois savoir l’utiliser. Tu me montres comment m’en servir, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends».