Pour s’y préparer et avoir une chance de le réussir, il faut avoir reçu une une préparation de fond comme peuvent le dispenser certains Instituts d’études juridiques réputés tels que Panthéon-Assas, la Sorbonne ou celui de Bordeaux. S’ajoute à cela une formation complémentaire d’une prépa privée (ISP, IPESUP, …), certes coûteuse à peu près 3000 euros pour un mois de cours, mais indispensable pour réussir.
Les IEP de Paris 3, de Strasbourg, de Rennes ou d’Aix offrent également une formation d’excellence, puisque pour l’année 2011 par exemple, la moitié des étudiants qui se sont inscrits ont réussi le concours, soit 15% des auditeurs toutes formations confondues. Il est vrai que si un étudiant n’a pas reçu une formation complète, il part de fait avec un handicap certain.
Une chose que la direction de l’ENM tente de réfuter : « Si les étudiants de l’IEJ de Paris II réussissent mieux que les autres, c’est parce que leur formation est de qualité, particulièrement adaptée au concours. Ce sont également ceux qui présentent le plus de candidats » a déclaré M. Ronsin au Monde le 9 décembre 2012. Une formation d’excellence pour espérer des résultats excellents, voilà ce qui pourrait conduire ces étudiants qui ne reçoivent pas ces formations de ne pas passer le concours, persuadés d’échouer. “Oui le concours est un concours d’excellence, mais non il n’est pas inaccessible à des étudiants de fac de province. Les étudiants en droit et certains professeurs pensent qu’accéder à l’ENM est réservé aux étudiants d’études politiques, ils ont tort », insistait le directeur.
Au delà du manque (qualité) de préparation qui pourrait conduire un candidat à ne pas se présenter au concours, il y a un autre facteur important, le nombre de places disponible.
Un nombre faible, proportionnellement parlant, qui débouche sur une dégradation du nombre de candidats se présentant au concours. “On peut noter une baisse de l’ordre de 63% en l’espace de 13 ans, ils étaient 4130 en 1998 pour 1513 en 2011" selon des chiffres parus dans le quotidien.
Un concours difficile et une sélection drastique. Pour Rémi Filkenstein, professeur de psychologie sociale à Paris VIII, un autre point essentiel et non des moindres vient s’ajouter à la liste des arguments pouvant justifier le fait de ne plus vouloir devenir magistrat, c’est le salaire. "Un juge à la sortie de l’école gagne en moyenne 2600 euros net mensuels. Après 6 ans d’ancienneté, son salaire passe aux environs de 3500 euros" . Quand on connait la durée des études...
Il faut bien le souligner, la profession de magistrat n’est plus autant prisée qu’avant, “les effectifs de l’ENM ont fondu en l’espace de 5 ans“ indiquait au Monde Aurélie Bergeaud-Wetterwald, professeur de droit et directrice de l’Institut des études juridiques de Bordeaux . Par sa communication et son image l’ENM est entrain de perdre de son lustre aux yeux des étudiants qui ne rêvent même plus d’y parvenir, c’est avant tout cet espoir qu’il faut à nouveau diffuser. “ A l’université on leur dit de ne pas nous focaliser sur ce concours pour ne pas être déçus, c’est cette autocensure que nous voulons combattre" avance Xavier Ronsin.
Mehdi Kasby rédaction du village de la justice