La bienveillance

5 Octobre 2012

« Rien » dans notre mode éducatif (1), ne nous prépare à la bienveillance. Soyons charitable, et écrivons « peu de choses » à la place de « rien ». La phrase d’introduction devient donc : peu de choses dans notre mode éducatif nous prépare à la bienveillance. Plaçons nous dans le cadre professionnel, dans le monde de l’entreprise, afin de rester posé et … bienveillant !

De trop rares personnes expérimentent dans leur vie professionnelle un environnement véritablement bienveillant. Quel dommage, et quel gâchis. Imaginez un groupe où chacun est responsable de lui, mais aussi des autres quand cela est nécessaire. Où chacun va avoir une vigilance permanente sur le bien être « professionnel » des autres, sur l’efficacité du groupe, sur la cohérence du vécu par rapport aux valeurs de l’entreprise, sur la réalisation des projets, sur le succès de l’entreprise. La bienveillance c’est à la fois un état d’esprit, une capacité à prendre du recul, et surtout à « micro » agir à tout instant. La bienveillance c’est faire naturellement son possible pour que ses collègues, le groupe, et soi même, fonctionnent avec un maximum de fluidité possible, de la manière la plus efficace et agréable qui soit. La bienveillance c’est aussi beaucoup de capacité à anticiper, toujours avec ce but « naturel » de faire en sorte que tout se passe aussi bien que possible dans le contexte donné. La bienveillance demande évidemment un niveau élevé de confiance dans chaque membre du groupe, mais aussi confiance dans le groupe dans son ensemble (sur les finalités par exemple). La bienveillance se véhicule notamment à travers deux outils complémentaires, la surcommunication (2) et la méta-communication(3). Vous l’avez compris, la bienveillance est tout le contraire du « béni oui oui » et demande une grande prise de responsabilité « gratuite ».

Si une personne me donne des informations incohérentes, la bienveillance serait de penser automatiquement, non pas « il ne comprend rien, il a fait une erreur », mais « si je ne comprends pas sa demande, c’est qu’il me manque une information ». La posture sous-jacente, c’est que « la personne en face de moi est assez intelligente pour me donner des infos cohérentes et complètes ».

Prenons un exemple tout simple, un exemple du banal quotidien. Une personne envoie à deux collègues un courriel contenant un texte et une pièce jointe à valider. Une des deux personnes en réception de ce mail pense avoir déjà envoyé l’information et laisse donc filer sans répondre. Attitude normale devant le flux d’informations à traiter. La personne ayant envoyé la demande, ne voyant rien arriver, insiste (c’est important pour elle) une fois, deux fois, trois fois. Le collègue qui est certain d’avoir déjà répondu finit par écrire « j’ai déjà répondu, regarde tes mails ». Remarquez le nombre d’aller retour nécessaires, le degré de frustration généré des deux cotés, voire d’exaspération, la création de ressentis négatifs, etc.. Et on rentre dans un cercle vicieux.

Dans un état de bienveillance « naturelle » le collègue qui pensait avoir déjà répondu, se dirait « si il demande c’est qu’il n’a pas eu ma réponse initiale (il n’a pas fait attention ou il y a un problème technique, peu importe). Si il redemande c’est que c’est important pour lui, donc envoyons une réponse adéquate ». A ce moment ces personnes entrent dans un cercle vertueux de construction de confiance et de bienveillance.

Evidemment la vie (4) de tous serait tellement plus agréable et professionnelle dans un environnement bienveillant. Mais comment s’affranchir d’une vie « d’égoïsme professionnel » et accepter, même de prendre plaisir à ce que l’autre gagne, à ce que le groupe gagne, quand je gagne. Il y a longtemps, Enrico Macias chantait « ton bonheur est une joie pour moi » pendant que mon prof de math, pour se moquer de nos trop longues démonstrations, disait avec bienveillance, « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ».

La vie peut être simple et bienveillante, alors, au travail !

 (1) le monde de l’éducation, mis en œuvre pour la formation des élites de la nation, c’est encore et avant tout :

  • un maximum d’individualisme et de compétition avec un minimum de travail en groupe et de sens commun,
  • peu de responsabilités véritables à assumer,
  • une seule forme d’intelligence, sur 13 (ou plus selon les théories), mise en valeur,
  • pas de compréhension du « comment je fonctionne, comment fonctionnent les autres et comment bien vivre nos complémentarités »,
  • pas de recherche du plaisir dans l’étude, et pourtant passion, études et plaisir font toujours bon ménage,
  • peu de construction véritable de « l’estime de soi »,
  • pas de construction de confiance, dans l’autre et dans le système en général,
  • etc

(2) sur-communication : c’est le fait de vérifier que la communication a été reçue et bien interprétée.

(3) méta-communication : c’est le fait de prendre de la hauteur à un moment pour valider et enrichir le processus. Cela nécessite d’arrêter de communiquer sur les éléments de base et de s’attacher pour un moment à valider et enrichir le processus.

(4) Peut être que la majeure caractéristique d’une start-up est l’esprit de bienveillance qui y règne. Un esprit « d’équipe » qui génère ce que l’on peut nommer de « l’intelligence collective » mais aussi qui permet de faire beaucoup de miracles avec peu de moyens. Dans une aventure entrepreneuriale plus qu’ailleurs, le gâchis à tous niveaux de temps, d’argent et d’énergie est rédhibitoire au succès.

 Source : equitips

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